Jacques Ancet
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L'entrelangues
Entrelenguas (2010)


Un   livre   d'artiste,  accompagné   d'œuvres  originales  de
Mimouni El Houssaïne.


Juan Gelman
Jacques Ancet


Qué se sabe ?


Del poema, nada. Llega, tiembla
y raspa un fósforo apagado.
¿Se le ve algo ? Nada. tiende una
mano para aferrar
las olitas del tiempo que pasan
por la voz de un jilguero. ¿Qué
agarró ? Nada. La
ave se fue a lo no sonado
en un cuarto que gira sin
recordación ni espérames.
Hay muchos nombres en la lluvia.
¿Qué sabe el poema ? Nada.

Ne pas lâcher, disait-il, ne pas lâcher. Son poing se fermait sur la lumière. J’y pense toujours, depuis. Quand les jours m’emportent et me défont. (Ici une parenthèse, une pause, un blanc : qu’ai-je fait ? Gestes pratiques, pensées utiles, phrases banales m’ont comme effacé avant que ma main ne revienne à cette page). Oui, ne pas lâcher. Je me tasse sur moi-même. L’éclat de la fenêtre me traverse, pâlit, me laisse à la grisaille d’un ciel plombé sur une houle de collines. Je regarde mes ongles, je m’enfonce dans l’instant –– silence, pied qui frotte le sol, rumeur vague –– dans une absence que je ne reconnais pas. Je vacille. Je reste au milieu des débris du jour. J’essaye de les reconnaître.
Qu’est-ce qu’on sait


Du poème, rien. Il vient, tremble
et craque une allumette éteinte.
On en voit quelque chose ? Rien. Il a une 
main pour attraper
les vaguelettes du temps qui passent
par la voix d’un chardonneret. Qu’a-t-il
saisi ? Rien. L’
oiseau a fui vers le non prononcé  
dans une chambre qui tourne sans
souvenirs ni attends-moi.
Il y a beaucoup de noms dans la pluie.
Qu’est-ce qu’il sait le poème ? Rien.

Traduit par Jacques Ancet
No aflojar, decía no aflojar. Su puño se cerraba sobre la luz. Sigo pensando en eso desde entonces. Cuando los días me arrastran y me deshacen. (Aquí un paréntesis, una pausa, un blanco : ¿qué he hecho? Gestos prácticos, pensamientos útiles, frases banales casi me han borrado antes de que mi mano regrese a esta página). Sí, no aflojar. Me hundo en mí mismo. El resplandor de la ventana me atraviesa, palidece, me deja en la grisura de un cielo plomizo sobre un oleaje de colinas. Miro mis unnas, me hundo en el instante — silencio, pie que frota el suelo, rumor vago — en una ausencia que no reconozco. Vacilo. Me quedo en medio de los despojos del día. Intento reconocerlos

Traduit par Rafael-José Díaz